Quand mes amis voient ma bibliothèque, tous ouvrent des yeux grands comme ça !
Comment fais-tu pour t’y retrouver ?… Mon grenier-bibliothèque est un voyage au centre de nulle part, le paradis de ma mémoire, le seul endroit sur terre où le mal n’existe pas. Comment certaines personnes ont pu faire brûler des livres ?
Comment certaines autres peuvent penser que la culture n’est pas importante, au point de vouloir détruire ce qui fait la force d’une civilisation, l’enseignement, le savoir et le partage des chances ?
Ma vie a toujours été un livre. Un livre qu’on emprunte parce que l’envie vous vient. Parce que vous allez le lire. Parce qu’il est urgent de lui niquer les mots comme on défeuille une rose triste ou un être solitaire. Parce que, au hasard d’une rencontre de grenier, culpabilité oblige, on lui adresse un mot d’excuse, lui susurrant entre les pages : « il faut qu’on finisse par se faire une bouffe un de ces quatre… Promis-juré !… » Puis vous filez chez le voisin, un oublié de l’obscur, une lumière éternelle, à qui vous proposez le même deal…
Qu’il est difficile de promettre quand la vie manque de temps !
Mon grenier-bibliothèque est un dépôt. Une voie de garage. Un carrefour pour le hasard. Un regard sur mon plaisir et sur ma honte. Trop chaud en été. Trop froid en hiver. Jamais à la bonne température par manque de moyens. Mais, dans toute sa modestie, il dégage une loi, unique et universelle : ce qui est à moi est à nous. Depuis, je n’arrête pas d’aller chercher dans mon grenier des gens que j’aime bien. Des auteurs qui n’ont plus la faveur des vitrines et qui méritent l’honneur du présent, parce que pendant que l’histoire leur faisait dessus, dans une cave, ils ne pensaient qu’à une chose : écrire, résister, partager, rêver… S’envoler pour échapper à la barbarie de quelques débiles !
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